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Carnets de voyage

Ça change pas le monde, mais…

Quelques élèves d'une école dans laquelle nous nous sommes investis.
Quelques élèves d'une école dans laquelle nous nous sommes investis.
Photos : Nicolas Demers-Labrousse

30 avril 2009

Nicolas Demers-Labrousse, étudiant à la maîtrise en études politiques appliquées avec cheminement en relations internationales

Lorsque j'ai commencé mon baccalauréat à l'Université de Sherbrooke, je ne pensais pas que ce cheminement me donnerait l'occasion de développer un projet de coopération internationale en collaboration avec l'École de politique appliquée. Eh bien, quelques années plus tard, je me retrouve à écrire dans le journal de l'Université pour expliquer en quoi consiste ce projet que nous avons mis sur pied!

Ce projet de coopération internationale n'est pas né subitement d'un éclair de génie. L'aventure a débuté il y a quatre ans, lorsqu'un collègue de classe, Laurent Gabriel Côté-Fournier, me proposa d'aller visiter l'Afrique durant nos vacances d'été. N'ayant jamais visité ce coin du monde, mais ayant toujours eu un certain intérêt pour le continent noir, nous nous sommes rendus au Ghana, pays anglophone d'Afrique de l'Ouest.

Première impression dès notre arrivée en terre africaine : coup de cœur! Il ne s'agissait en aucun point de l'image de l'Afrique qu'on nous laisse entrevoir dans les reportages télévisés. J'avais plutôt l'impression de découvrir une nouvelle forme de pensée; une pensée plus axée sur la collectivité, sur la nécessité de vivre en union les uns avec les autres, ceci, sans considération des questions de religion, de couleur de peau ou de langue parlée.

Un bateau de pêcheur sur le point de prendre la mer.
Un bateau de pêcheur sur le point de prendre la mer.

Ne voulant me contenter de voyager au Ghana pour faire du tourisme, je me suis arrangé pour rencontrer le propriétaire d'une petite ONG locale en développement nommée WOSOVO (World of Solidarity and Volontary Organisation) avec qui je me suis lié d'amitié. Grâce à cette organisation, mon compagnon de voyage et moi avons eu la chance de découvrir une autre facette de la société ghanéenne. Je vivais beaucoup plus près du peuple, dans les mêmes conditions d'existence, dans un petit village nommé Hohoe où j'ai travaillé dans un orphelinat. Quelle joie de pouvoir contribuer au développement de jeunes qui n'ont pas les mêmes opportunités que nous!

L'année suivante, mon collègue et moi avons communiqué notre expérience à d'autres étudiants de l'École de politique appliquée qui ont décidé d'adhérer au projet. Je suis donc retourné au Ghana dans le même village avec trois nouveaux stagiaires pour travailler à l'orphelinat.

Avec ces nouveaux compagnons de voyage, nous avons aussi eu la chance de faire le tour du Ghana en moto. Ces excursions nous ont permis de prendre conscience des différentes conditions sociales à l'intérieur d'un même pays : certains villages d'une même région ont de meilleures conditions de vie que les villages voisins.

Cette deuxième expérience au Ghana m'a ouvert les yeux sur une autre réalité de ce pays : malgré un développement socioéconomique appréciable, ce ne sont pas tous les citoyens qui ont profité de cet essor. À titre d'exemple, il y a une différence palpable entre les possibilités de développement en milieu urbain par rapport au milieu rural.

Les stagiaires donnant un cours à l'école Adabraka.
Les stagiaires donnant un cours à l'école Adabraka.

C'est à partir de ce constat de disparités que l'École de politique appliquée et moi avons mis sur pied un projet d'étude de cas au Ghana. Ce projet a été agréé comme un stage donnant ouverture à des crédits. Essentiellement, ce projet consiste à analyser les différences entre l'éducation en milieu rural et en milieu urbain, en analysant notamment comme critères l'accessibilité et la qualité des services. Dans le cadre de ce projet, l'École envoie six étudiants du baccalauréat en sciences politiques pour une période de trois mois durant les cinq prochaines années. À long terme, ce projet récurrent permettra d'émettre, par le canal de l'ONG locale, des recommandations basées sur les observations émanant de l'étude des stagiaires. Ce projet est reçu avec enthousiasme par les diverses communautés rurales et petits villages, car ceux-ci, bien que conscients de ces différences de perspectives d'éducation, ne savaient pas trop comment redresser la situation.

J'ai initié en février le premier stage avec six étudiants du baccalauréat qui sont en sol ghanéen pour débuter notre projet. Ils travaillent à faire le bilan de l'état de situation afin d'émettre un portrait plus systématique des différences notées en termes d'éducation. Partant de cette ébauche, d'autres étudiants pourront venir se pencher davantage sur la problématique et proposer des pistes de résolution.

Sans avoir la prétention de changer définitivement les conditions d'accessibilité et la qualité de l'éducation des communautés ghanéennes, nous contribuerons certainement au mieux-être et au développement de certains villages tout en faisant vivre une expérience bien enrichissante aux stagiaires.

Un projet de coopération internationale en partenariat avec l'Université de Sherbrooke et une ONG ghanéenne, ça change pas le monde, mais…